»LIMONOW«


von
Emmanuel Carrère



Die unautorisierte Webseite zum Buch.
Von den Machern von Limonow.de

zurück

Limonov

???

J'avais, dès sa sortie en librairie, eu envie de lire le dernier écrit d'Emmanuel Carrère, Limonov. Je connais le romancier français, j'ai lu D'autres vies que la mienne et L'adversaire, entre autres.

Fils de la célèbre soviétologue et académicienne Hélène Carrère d'Encausse, il a grandi entouré par une famille, russe blanche d'origine et a voyagé avec sa mère en Russie à plusieurs reprises, croisant sur sa route des personnalités russes qu'il retrouvera dans la vie d'Edouard Limonov, l'homme dont il a souhaité raconter la vie ici. Limonov, impossible de résumer la vie de cet ukrainien, né pauvre, poète et romancier, avide de reconnaissance, portier à New York, combattant auprès des Serbes pendant la guerre en ex-Yougoslavie, opposant dès la première heure de la politique de Poutine.

Carrère nous entraine dans la vie de cet homme, qui s'est construit une vie (Limonov, nom créé de tout pièce) et a consacré son temps à la réécrire, dans des romans qu'affectionne l'auteur français. Après trois semaines d'entretien à Moscou, Carrère nous offre ici un livre, dont on ne saurait dire s'il s'agit d'une bibliographie, un roman ou un essai, car la vie de Limonov, c'est tout simplement la vie de la Russie depuis la seconde guerre mondiale, magnifiée, maquillée, réinventée par cet homme aux mille visages. Attention, le roman prend parfois des route sinueuses qui peuvent déconcerter un lecteur non averti.

Le lecteur va ainsi voyager dans le temps, à travers les secrétaires du parti, de Staline à Brejnev, de Kroutchev, de Eltsine à Poutine, Carrère vous invite dans cette Russie des pauvres, la Russie oubliée — celles de ses millions de citoyens, exilés dans des villes autrefois prospères, oubliés de tous, qui croupissent en rêvant du temps passé, du temps des communistes, où tout était disponible, partagé sauf bien évidemment la liberté.

Carrère explique qu'il ne souhaite pas porter de jugement personnel sur le personnage (c'est bien une personne réelle, mais il s'est créé un personnage qu'il présente à la presse) de Limonov, mais difficile pour le lecteur de rester indifférent aux choix extrémistes de cet homme, avide pour moi de reconnaissance, de célébrité, qui comme le communisme condamnait le culte de la personnalité, mais rêvait de voir son portrait peint et affiché dans toutes les rues. Poète et écrivain de génie, politicien raté, il court après le passé glorieux de la Russie comme on court après nos souvenirs d'enfance, en sachant que jamais nous ne les retrouverons.

Ce qui est formidable pour le lecteur, c'est le cours d'histoire magistral qui est offert par Carrère, dont on reconnaît ici l'incroyable science transmise par sa mère. La culture russe est ici racontée au lecteur, et moi qui ait étudié l'histoire russe depuis son premier Tsar, et la langue russe pendant cinq ans, j'ai pris énormément plaisir à suivre les aventures rocambolesques d'un homme qui n'a cessé de courir après un rêve.

Je ne finirais pas ce livre en vous disant que j'aime Limonov, car pour avoir malheureusement connu de trop près la guerre en Ex-Yougoslavie, j'ai compris que jamais je ne comprendrais cet homme qui frôle souvent de trop près le fascisme et toute sorte d’extrémisme.

Limonov m'a fait penser à un oiseau, un colibri, dont les battements d'aile très rapides provoquent un son, comme une légère musique. Cet oiseau a une aura magique, difficile à attraper, il attise toutes les curiosités mais comme l'animal, il reste incompris et indomptable.

Petite anecdote amusante, j'ai fini de lire ce livre samedi après-midi. Une heure avant, je me promenais sur twitter, lorsque j'ai lu le dernier tweet d'une actrice que j'aime beaucoup, (et qui aime aussi lire) Clémence Poésy : «Ce sont des loques. Ce sont des rois. Ça d’accord, ça lui va».

Ignorant d'où provenait ses mots, je rentre donc chez moi et me plonge dans les dernières pages du récit de la vie fantastique de Limonov, lorsque j'arrive à la dernière page et que je tombe à nouveau sur ces mêmes mots : «Ce sont des loques. Ce sont des rois. Ça d’accord, ça lui va».

Poésy citait donc le même jour les mots de Carrère. Je l'ai évidemment retweeté et je vous invite à comprendre le sens de ces mots en achetant le livre.


«Theflyingelectra.com», June 10, 2013

Eduard Limonow

Original:

???

Limonov

// «Theflyingelectra.com» (fr),
10.06.2013