»LIMONOW«


von
Emmanuel Carrère



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Limonov. Coco, Facho, Affreux Jojo

Anthony Palou

Emmanuel Carrère s'est passionné pour un romancier comac, ruskof et trapu, farceur démoniaque, qui est avant tout un styliste.

Page 20 du «Grand Hospice occi­dental», histoire de situer le las­car qui préfère les grands nègres: «Le projet de mon livre repose sur une métaphore: l'assimilation de la société «évoluée» à un Hospice dont les pensionnaires sont soignés dans un climat mou, mais cependant disciplinaire. Cette métaphore m'a été nécessaire pour créer le fameux effet de «distanciation» afin que le lecteur puisse voir ce monde qui lui est familier au travers d'un re­gard étranger: le mien.» Ou encore, dans son «Journal d'un raté» réédité par Albin Michel: «Si Charles Manson ou Lee Harvey Oswald avaient écrit un livre, il ressemblerait à celui-ci». Voilà qui est dit et bien dit. Ainsi parlait donc Edouard Limonov. L'homme ne fait pas dans la dentelle, monte souvent sur ses grands chevaux des steppes. Le cavalier aguerri n est pas un domestique, une vie au galop ainsi que nous la raconte, clini­quement, romantiquement, l'ombrageux Emmanuel Carrère. Carrère aime les borderline. On se souvient de «L'adver­saire», le roman «vrai» de Jean-Claude Romand, médecin mythomane qui des­souda sa famille. Limonov est, faut-il le rappeler, un romancier, le plus singulier poète underground russe, «technicien de la guérilla, un homme traqué», un énergumène, desperado haleté, un agité ukrainien, le «Johnny Rotten de la lit­térature russe», pas un bleu-bite, tout en pectoraux, bête sauvage, bien trapu, avide dexpériences, capote de l'armée rouge sur les épaules — cet amour de l'uniforme de son capitaine de père — Limonov gagna, entre autres sa vie, en taillant des jeans en pattes d'éléphant! — il en impose. Pulsionnel, bien que timide, sa face réser­vée, cobra dans le cobra, Limonov, foie en caoutchouc — il sait faire «zapoï»!, ces cuites infernales —, cerveau en acier, mémoire en plomb. Petit garçon qui rê­vait de devenir charcutier, découper ses adversaires, ces porcs, couteau dans la botte, survit aujourd'hui dans la Russie de Poutine. Ah, il en a connu des pri­sons, qu'il ne détestait guère d'ailleurs, il en fit ses choux gras de chroniqueur. Limonov n'a pas une vie: il en a mille. À faire baver tous les gastéropodes de Saint-Germain-des-Près. Une «vie de merde» comme il le confesse, farceur démoniaque, à son biographe. Il fut tour à tour fondateur suite en page 2


«Service Littéraire», №44, septembre 2011

Eduard Limonow

Original:

Anthony Palou

Limonov. Coco, Facho, Affreux Jojo

// «Service Littéraire» (fr),
№44, 09.2011