»LIMONOW«


von
Emmanuel Carrère



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Von den Machern von Limonow.de

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Cocktail Limonov

Après «Un roman russe» et «D'autres vies que la mienne», Emmanuel Carrère raconte l'existence de l'Ukrainien Edouard Limonov: voyou, clochard, écrivain, soldat, idéologue… Un héros — ou un salaud — de notre temps, celui de l'effondrement du régime communiste.

«Portrait d'un bandit dans son adolescence», «Le Petit Salaud», «Le Poète russe préfère les grands nègres», «Le Journal d'un raté», «Histoire de son serviteur», «La Grande Epoque»… Pendant dix ans, Limonov a pondu et publié un livre par an dans les années 80. «Il n'avait qu'un sujet, sa vie, qu'il débitait en tranches», écrit Emmanuel Carrère. Ces récits autobiographiques, l'auteur d'«Un roman russe» les a lus et a fait partie du cercle de fans de l'écrivain ukrainien. Mais, s'il lui consacre un ouvrage entier, c'est parce que le dissident ne s'est pas contenté de vivoter à Paris en entretenant une «réputation agréablement sulfureuse». Sa période d'écrivain branché parisien semble même ennuyeuse au regard de ce qu'il a vécu avant et après. Voyou à Kharkov en Ukraine, idole de l'underground moscovite sous Brejnev, clochard et valet de chambre d'un milliardaire à New York, soldat en ex-Yougoslavie, leader d'un parti «brun-rouge» — épisode qui achève de faire passer l'écrivain pour un horrible fasciste aux yeux des Français… Sans compter ses passages par la case prison.

Emmanuel Carrère n'est pas scénariste ni cinéaste pour rien. Il excelle à changer de focale, de point de vue, de rythme, à passer de l'anecdote à la géopolitique pour narrer une vie «qui a pris le risque de se mêler à l'Histoire». Car, à travers la figure de Limonov, Carrère retrace avec brio l'effondrement du régime soviétique. Et en profite pour sonder le désarroi du peuple russe à l'ère du post-communisme.

— À quand remonte votre première rencontre avec Limonov?

— Je l'avais croisé dans les années 80 à Paris et, à ce moment-là, j'avais de l'admiration pour lui, comme beaucoup de gens. Je trouvais que c'était un écrivain non négligeable. Le phénomène était générationnel et circonscrit, il n'a jamais été un auteur grand public, mais il a été culte comme certains chanteurs de rock peuvent l'être: il ne remplissait pas le Zénith, il avait un carré de fans au Gibus, des fans affûtés, entre 5 et 10 000 personnes en France, dont je faisais partie. Et, sans que ce soit une obsession, je me demandais ce que devenait ce type depuis 20 ans.

— Qu'est-ce qui vous a poussé à écrire ce portrait, d'abord sous forme d'article pour la revue XXI[1], puis au travers d'un livre?

— J'ai fait un reportage en Russie à l'occasion de la mort d'Anna Polikovskaïa et j'ai découvert avec stupeur qu'Elena Bonner, la veuve de Sakharov, et tous les gens qui sont des saints laïcs de la Russie portent très haut Limonov. Ils ne le voient pas de la même manière que nous, comme un fasciste mais comme un homme courageux, intègre. Même s'il a fait des trucs un peu limite, pour eux, il représente l'avenir de la Russie démocratique. Ça m'avait laissé perplexe et donné envie de faire ce portrait pour XXI. Je trouvais que ça racontait quelque chose sur le déplacement des lignes. Au-delà du cas de Limonov, que quelqu'un représente quelque chose de si différent en France et dans son pays posait question. J'avais aussi l'intuition de pouvoir écrire à partir de lui un vrai roman d'aventure et de pouvoir décrire ce moment de l'Histoire qui me passionne: l'effondrement du communisme et les 20 ans du post-communisme. Je connais des témoignages ou des livres d'histoire remarquables sur la période, mais pas de romans. Je sentais que le personnage était un fil rouge parfait.

— Comment se passe la rencontre?

— Je suis allé le voir et j'ai passé quinze jours avec lui. C'était intrigant, intéressant. Je ne peux pas dire qu'on se tombe dans les bras et que je suis saisi d'un élan d'amitié mais il n'est pas hostile, simplement neutre, ce que je peux comprendre. Quand on voit débarquer un Français et que l'on est vu en France comme une espèce de facho intégral…

— Plus que la personne, ce sont ses livres qui semblent le raconter le mieux…

— J'y ai puisé la plupart de mes informations puisque ses récits sont entièrement autobiographiques. En fait, il y a deux blocs de livres. Ceux que j'ai lu au moment de leur parution en France et tous ceux qu'il a écrits depuis 20 ans et qui ne sont pas traduits, sauf peut-être en Serbie. Il a fallu que je me les tape avec mon russe laborieux, ça a été du boulot. Plus une masse d'informations à chercher dès qu'un nom apparaît. Je ne connaissais pas bien Brodsky, par exemple, et je suis devenu un petit spécialiste de ce poète. Et ça vaut pour un tas de personnages. J'ai fait plein de recherches avant un travail de montage romanesque, je pourrais presque dire de mise en scène.

— D'ailleurs, comment définir votre livre: roman, portrait, biographie romancée, récit?

— Depuis quatre livres, c'est-à-dire depuis «L'Adversaire», je ne mets pas de sous-titre. On pourrait mettre «roman», mais j'ai une acception assez stricte du roman qui implique que ce soit de la fiction. Or ce n'est pas de la fiction, les événements rapportés sont véridiques, à quelques détails d'agencement et de mise en scène près. Truman Capote, en écrivant 'De sang froid', a théorisé la notion de «non fiction novel». Je pourrais appeler ça comme ça, je préfère ne rien mettre plutôt que «roman de non-fiction». Mais il est bien évident que c'est plus proche d'un roman que d'une biographie.

— Êtes-vous influencé par votre ami Jean Echenoz, dont les trois derniers livres sont des «vies»?

— Non car, déjà, «L'Adversaire» d'une certaine manière, raconte la vie de Jean-Claude Romand[2], «Un roman russe» raconte la mienne et «D'autres vies que la mienne» plusieurs existences… Si j'étais un peintre, je ferais du portrait plutôt que du paysage ou de la nature morte. C'est un peu ce que je fais en écrivant. Mes portraits se répondent ou s'opposent. Limonov, c'est presque le contraire de Romand: sa vie est aussi extravertie que celle de Romand est repliée sur son pauvre secret. Par l'absurde, les deux ont quelque chose à voir… C'est une banalité, mais je crois qu'il n'y a rien de plus intéressant que l'incroyable diversité des vies et des expériences humaines. On est chacun confiné dans notre peau, notre esprit, notre histoire… Essayer de voir ce que cela fait d'être dans la peau de quelqu'un d'autre, c'est l'une des raisons qui pousse à écrire des romans, que ce soit de la fiction ou de la non-fiction. Là-dessus la différence est ténue finalement.

— Par ailleurs, vous continuez à assumer le «je» et votre subjectivité…

— C'est l'autre aspect de cette forme un peu bizarre que je développe depuis une dizaine d'années. C'est très variable de livre en livre. Dans «Un roman russe», j'étais le narrateur et le protagoniste, donc c'est mon livre le plus autobiographique. Mais cela me semble indispensable d'être présent, je ne pourrais pas imaginer faire autrement, par une espèce d'honnêteté vis-à-vis du lecteur… Je suis très sensible à la vieille question soixante-huitarde: d'où parle t-il? À quel titre? Pour quelle raison raconte-t-il ça? Du coup transparaissent peut-être mes préjugés, mes aveuglements, mes œillères. Je ne prétends pas dire la vérité mais ce que moi je peux former comme construction d'une réalité. Ça me paraît une honnêteté élémentaire de dire ça.

— Votre portrait de Limonov vaut aussi comme autoportrait. Vous le peignez comme un aventurier par opposition à vous, le bobo du 10ème arrondissement de Paris.

— Je ne peux pas dire que j'ai de l'amitié pour lui mais l'énergie vitale qu'il dégage et sa façon de traverser un demi-siècle me fascinent. Tout comme sa volonté enfantine et peut-être fourvoyée d'être un héros. Je trouve émouvant chez lui sa fidélité totale à un idéal de petit garçon à lunettes qui se faisait taper dessus dans la cour de récré et qui s'est dit: «Je serai le caïd et un aventurier qui traversera le monde tandis que eux vivront des petites vies de merde». Il est fier d'être un voyou. Son idéal, c'est la phrase formidable qu'on entend en voix off au début des «Affranchis»: «I've always wanted to be a gangster». En racontant sa vie, je pensais aux films de Scorsese et, en particulier, à «Raging Bull», un film que j'adore et que je cite dans le livre. Ce brave Jake La Motta n'était pas non plus un saint. N'être jamais du côté du manche, prendre des postions indéfendables… Je n'approuve pas Limonov, mais il m'en impose un peu.

— Votre vision de la Russie post-soviétique est assez atypique pour un Français: Gorbatchev est un fantoche, Eltsine un grand homme d'Etat et Poutine n'est pas le diable…

— Sur ce sujet, il est probable que je sois très influencé par ma mère (Hélène Carrère d'Encausse, historienne spécialiste de l'URSS, ndlr). Je l'évoque d'ailleurs dans le livre — m'aventurant sur son terrain, le contraire aurait été bizarre. Le fait est que ma mère a émis des jugements et forgé des analyses qui vont à l'encontre de ce qui se dit en France et qui, en revanche, sont très en phase avec ce que disent les Russes. Gorbatchev, adoré en Occident, a été globalement haï en Russie. Personnellement, je trouve la figure de Gorbatchev fascinante, et même émouvante. C'est un grand personnage shakespearien, dépassé et balloté par les événements. Au contraire, les Français se méfiaient terriblement de Boris Eltsine, que ma mère aimait beaucoup tout en trouvant qu'il était un peu pochetron. Et c'est vrai qu'Eltsine a été à un moment un immense personnage historique. Ma mère a même plus d'indulgence pour Poutine, sans le prendre pour un saint ni pour un humaniste. Elle le voit comme un homme politique d'envergure, quelqu'un qui, à ce moment de l'histoire de son pays, est peut-être la moins mauvaise solution, fait preuve d'autorité, redonne une certaine fierté à son peuple. Un peuple qui, en dehors de quelques moments d'exaltation et de joie, a vécu la chute du communisme comme une dépression majeure.

— Vous faites même un parallèle osé entre Limonov et Poutine…

— Je pense que ça va le faire sauter en l'air car c'est paradoxal. Limonov fait profession de haïr Poutine et le considère comme un tyran mais je crois que s'il était à sa place, il ferait exactement comme lui.

— Est-ce pour cela que vous mettez en exergue une citation de Poutine: «Celui qui veut restaurer le communisme n'a pas de tête, celui qui ne le regrette pas n'a pas de cœur.»?

— Je pense que ça va aussi perturber Limonov… Je ne suis pas le moins du monde nostalgique du communisme, mais le fait est que, dans le monde qui se développe depuis vingt ans, un équilibre s'est rompu et l'on n'est plus livré qu'à une seule vision du monde, celle du capitalisme effréné dont on voit bien l'espèce de folie dans laquelle il nous entraîne. Je ne dis pas que le communisme était une bonne alternative mais il y avait deux forces, un peu comme yin et le yang. Et le trou laissé par le communisme dans nos consciences est l'un des sujets du livre.

— Peut-on dire que Limonov est un paradoxe: toujours au bon endroit (là où ça se passe) et à la mauvaise place en même temps?

— Selon moi, oui. Evidemment, lui ne voit pas les choses de la même manière. Il est persuadé qu'en étant du côté des Serbes, au moment de la guerre en Yougoslavie, il a fait le bon choix. Mais sa façon de traverser l'époque me fait penser à certains héros d'Alexandre Dumas — l'une des rares choses que nous ayons en commun est d'ailleurs notre passion pour Dumas, que nous avons lu dans notre enfance. J'avais parfois l'impression d'écrire 'Le Comte de Monte Cristo' en racontant son histoire. Pour le côté romanesque échevelé, où il traverse le monde, tombe dans des gouffres, rebondit…

— Comment appréhendez-vous la réception du livre? Craignez-vous d'être taxé de complaisance envers un facho?

— C'est possible. Mais si on lit le livre, l'accusation ne tient pas. Je n'ai pas l'impression de trop prêter le flanc à ça. Je me suis posé beaucoup de questions pendant l'écriture et je crois y avoir répondu. Je ne me fais pas du tout l'avocat de Limonov, je trouve ma position juste. La chose la plus importante et la plus intéressante quand je tourne autour d'un sujet, c'est de trouver la bonne place. Le cas s'était posé, de façon bien plus douloureuse et complexe au sujet de 'L'Adversaire. Un vrai cauchemar. Cela m'avait pris sept ans pour arriver à quelque chose de moralement et esthétiquement tenables. Quant à savoir si ce portrait plaira ou non à Limonov, je n'en sais rien, je n'ai repris contact avec lui que récemment pour lui envoyer le livre… En revanche, ce qui me paraît extrêmement intéressant, c'est d'interroger ce qu'il y a en chacun de nous de fasciste. J'entends par là la croyance en la loi du plus fort. Limonov est un fasciste au sens philosophique et non pas politique, et cette dimension existe en chacun de nous. C'était la même chose pour ce truc abyssal de Romand: bien sûr, aucun d'entre nous n'a fait une chose pareille, mais cette fenêtre sur un enfer intérieur, cet abîme de dépression, de haine de soi, d'absence au monde, existe en chacun de nous. Plus ou moins, dieu merci.

— La politique en général semble vous intéresser de plus en plus?

— C'est vrai. 'D'autres vies que la mienne', sur un plan très terre-à-terre, était déjà un livre qui touche à la politique, à travers la question de la justice dans la société… J'ai passé le plus clair de ma vie adolescente et adulte à être dans une espèce de détachement complet à l'égard de la politique. Depuis quelques années, je ne sais pas bien pourquoi, peut-être à cause de l'âge, ça m'intéresse de plus en plus. Cela dit, concernant la politique française, j'en suis à la position du lecteur de journaux de base, par ailleurs très influencé par mon milieu ambiant, de bobo un peu mollement de gauche. Je me sens très tributaire de la case socio-culturelle à laquelle j'appartiens, même si j'essaie de ne pas lire que Libération, qui est mon journal naturel.

— Nicolas Sarkozy a fait l'objet de plusieurs livres et même d'un film. Vous n'êtes pas tenté?

— Je n'ai pas vu 'La Conquête' mais j'ai été passionné par le livre de Yasmina Réza, «L'Aube le soir ou la nuit». Je comprenais très bien son envie de le faire, je me disais: «Elle est costaud, Yasmina, ça c'est du sujet». Suivre une campagne électorale, ça doit être passionnant. Mais à la parution du livre, j'ai été déçu. Un peu par hasard, je l'ai relu l'année dernière et finalement, j'ai trouvé ça très bien. En fait, je m'attendais à une grande enquête et elle a fait un carnet de croquis d'une acuité remarquable.

— Et DSK?

— Pour des gens comme Yasmina Réza ou moi, qui ont pour modèles 'De sang froid' de Capote ou «Le Bûcher des vanités» de Tom Wolfe, c'est quand même le sujet maousse. Le côté shakespearien du type rattrapé par sa pulsion ou par son désir de ne pas y aller…Toutes les hypothèses sont intéressantes. J'ai suivi l'affaire comme la terre entière, c'est le plus fabuleux scénario qu'on ait eu depuis longtemps. Pendant deux-trois semaines, le monde entier, ou une partie, ne parlait plus que de ça, tous les couples avaient la même conversation. Un type qui fait un événement planétaire en sortant sa bite, c'est grandiose.

— Vous allez vous lancer?

— Moi, non, mais je suis curieux de savoir qui va faire une tentative de livre chiadé là-dessus — j'entends par là un livre autre que ceux des journalistes. Je suis sûr que, comme moi, dans les écrivains de ma génération, Jauffret, Reinhardt ou Beigbeder, doivent se demander qui va y aller. À partir du moment où il y en a un qui va se déclarer, qui va signer un gros contrat avec une maison d'édition — c'est peut-être déjà fait d'ailleurs — il va y avoir une préemption, ils ne vont pas être plusieurs à y aller. En tout cas, ça mérite plus qu'un petit livre impressionniste vite torché. Il y a la matière d'un grand livre qui doit paraître dans cinq ans, écrit par quelqu'un qui aura bossé comme un fou. Cela dit, bon courage, le terrain est miné, tellement bordé d'avocats et d'interdits…


Etienne Sorin | «Evene.fr», 4 сентября 2011 года

[1] Revue XXI, n°1, hiver 2008.

[2] En 1993, Jean-Claude Romand tue sa femme, ses enfants et ses parents avant de tenter de se suicider. Pendant dix-huit ans, il s'était inventé une vie professionnelle faisant croire à son entourage qu'il était médecin à l'Organisation mondiale de la santé.



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Maintenance Emmanuel Carrère

After «A Russian novel» and «Other lives than mine», Emmanuel Carrère tells the existence of the Ukrainian Eduard Limonov: thug, beggar, writer, soldier, idéologue… A hero — or a bastard — of our time, that of the collapse of the Communist regime.

«Portrait of a bandit in her teens», «The little bastard», «The Russian poet prefers large Niggers», «The Journal of a missed», «History of his servant», «La Grande Epoque»… For ten years, Limonov laid and published a book a year in the 1980s. «He had only a subject, its life, sawing it into slices», writes Emmanuel Carrère. These autobiographical stories, the author d «A Russian novel» read them and was part of the circle of fans of Ukrainian writer. But if he spends a whole book, it is because the dissident does not merely displayed limited vibrancy in Paris by maintaining a «pleasantly sulphurous reputation.» His period of Parisian wired writer seems even boring to relation that he lived before and after. Thug to Kharkov in Ukraine, Idol of Moscow under Brezhnev, tramp underground and Jack of Chamber of a billionaire New York, soldier in the former Yugoslavia, leader of a party «reddish brown» — episode which completes to pass the writer to a horrible fascist in the eyes of the French Not to mention its passages by the prison box.

Emmanuel Carrère is not writer or filmmaker for nothing. He excels at change of focal length, from point of view of rhythm, to move from anecdote to geopolitics to recount a life «which took the risk of mingling with history.» Because, through the figure of Limonov, Carrère brilliantly recounts the collapse of the Soviet regime. And take this opportunity to probe the distraught condition of the Russian people in the Postcommunist era.

— When was your first meeting with Limonov?

— I had crossed it in the 1980s in Paris and, at that time, I had the admiration for him, as many people. I felt that it was a non-negligible writer. The phenomenon was generational and circumscribed, it was never a public author, but he was worship as some singers of rock can be: it did not meet the Zenith, it had a square of fans at the Gibus, multi-disciplined fans, between 5 and 10,000 persons in France, which I was a part. And, without that it is an obsession, I wondered what became this type 20 years.

— Is it that you have to write this portrait, first as an article for the journal XXI[1], then through a book?

— I did a story in Russia at the death of Anna Polikovskaïa and I discovered with stupor that Elena Bonner, the widow of Sakharov, and all the people who are holy lay people of the Russia very high Limonov. They see in the same way that we, as a fascist but as a brave, honest man. Even if he did some stuff a little limited, for them, he represents the future of the democratic Russia. It had left me perplexed and given wish to make this portrait for XXI. I found that it was something on the relocation. Beyond the Limonov case, that someone represents something so different in France and in his country asked question. I also had the intuition to write from him a true adventure novel and describe this moment in history that fascinates me: the collapse of communism and the 20 years of Postcommunist. I know evidence or notable history books on the period, but not novels. I felt that the character was a perfect red wire.

— How is the meeting?

— I went to see it and I spent fifteen days with him. It was intriguing, interesting. I can't say that it falls into the arms and I am seized momentum of friendship but it is not hostile, just neutral, I can understand. When we see landing a French and seen in France as a species of facho intégral…

— More than the person, are his books which appear to the tell the mieux…

— I there have drawn most of my information because his stories are entirely autobiographical. In fact, there are two blocks of books. Those that I have read at the time of their publication in France and all those he has written 20 years and which are not translated, except perhaps in Serbia. It took that I am the type with my laborious Russian, it was of the job. More a mass of information to search when a name appears. I did not know well Brodsky, for example, and I became a small specialist of this poet. And it»s worth for a bunch of characters. I did plenty of research before a work of fiction editing, I might almost say of staging.

— Indeed, how to set your book: novel, portrait, biography, fictionalized story?

— Since four books, i.e. from «The adversary», I do not subtitle. Might be «novel», but I have a fairly strict meaning of the novel which implies either the fiction. But this is not fiction, the reported events are true, in a few details for arranging and staging nearly. Truman Capote, by writing «in cold blood», has theorized the concept of «non-fiction novel». I could call it like that, I prefer nothing put rather than «non-fiction novel». But it is quite clear that it is closer to a novel to a biography.

— Are you influenced by friend Jean Echenoz, the last three books are «lives»?

— Not because, already, «The adversary» in some way, tells the life of Jean-Claude Romand[2], «A Russian novel» about mine and «Other lives than mine» several existences… If I were a painter, I would make the portrait rather than landscape or still life. This is just what I do in writing. My portraits to meet or oppose. Limonov, it is almost the opposite of Romand: her life is also outgoing of Romand is folded on his poor secret. By the absurd, the two have something to see… It is a platitude, but I think that there is nothing more interesting than the incredible diversity of lives and human experiences. It is each confined in our skin, our spirit, our story… Try to see what it is to be in the skin of someone else, is one of the reasons to write novels, either fiction or the non-fiction. This difference is tenuous finally.

— Furthermore, you continue to assume the «I» and your subjectivité…

— It is the other aspect of this kind of weird shape I develop for a decade. It is very variable of book by book. In «Russian novel», I was the narrator and protagonist, so this is my most autobiographical book. But it seems to me essential to be present, I could not imagine to do otherwise, by a species of honesty from the lecteur… I am very sensitive to the old soixante-huitarde question: where t — talking about it? In what capacity? Why he says it? At the time are perhaps reflected my prejudices, my self-delusions, my blinders. I do not claim to tell the truth but what me I can form such as construction of a reality. It seems elementary honesty to say it.

— Your portrait of Limonov also applies as a self-portrait. The painting as an adventurer as opposed to you, the bobo of the 10th arrondissement of Paris.

— I can»t say that I have friendship for him but the vital energy that it produces and its way through half a century fascinates me. As his child and perhaps fourvoyée will be heroes. I find moving home total fidelity to an ideal of boy with glasses who was top type in recess and who said: «I will be the kingpin and an adventurer who will cross the world while they live small lives of shit». He is proud to be a thug. Its ideal is the formidable sentence means in voiceover at the beginning of the «country»: «I've always wanted to be a gangster». By recounting his life, I thought the films of Scorsese and, in particular, to «Raging Bull», a film that I love, and I quote in the book. This brave Jake the Motta was not a saint. Never be on the side of the handle, take of servings indéfendables… I do not approve of Limonov, but needed me a little.

— Your vision of the post-Soviet Russia is somewhat atypical for a French: Gorbachev is a puppet, a great man of State and Putin Yeltsin is not the devil…

— On this subject, it is likely that I am very influenced by my mother (Hélène Carrère d'Encausse, specialist historian of the Soviet Union, Editor's note). I evokes it in the book — me ventured onto his land, the contrary would have been bizarre. The fact is that my mother has issued judgments and forged analyses that go against what is said in France and which, on the other hand, are very in tune with what the Russians. Gorbachev, adored in the West, was generally hated by Russia. Personally, I find it fascinating, and even moving figure of Gorbachev. It is a great character Shakespearean, exceeded and jolted by events. Instead, the French were terribly suspicious of Boris Yeltsin, that my mother loved many finding that it was a little pochetron. And it's true that Yeltsin has been a huge historical character at a time. My mother has even greater indulgence for Putin, without the take to a saint or a humanist. She sees it as a major political man, someone who, at that time in the history of his country, is perhaps the least bad solution, proof of authority, restoring some pride to its people. A people who, apart from a few moments of excitement and joy, experienced the collapse of communism as a major depression.

— You make even a parallel dared between Limonov and Poutine…

— I think that it»s going to jump into the air as it is paradoxical. Limonov is profession to hate Putin and considers a tyrant but I think that if he was in his place, he would do exactly like him.

— Is — for this that you put a quote from Putin stressed: «one who wants to restore communism has no head, one who regrets not has no heart.»?

— I think that it will also disrupt Limonov… I am not the least of the nostalgic world of communism, but the fact is that, in the world that develops for twenty years, a balance is broken and it is more delivered only to a single vision of the world, that of unbridled capitalism which it is clear the case of madness in which he takes us. I do not say that Communism was a good alternative, but there were two forces, a bit like yin and yang. And the hole left by Communism in our consciences is one of the subjects of the book.

— Can we say that Limonov is a paradox: always in the right place (there where it goes) and in the wrong place at the same time?

— In my view, Yes. Of course, he does not see things the same way. He is convinced that being Serb, the war in Yugoslavia, he made the right choice. But its way through the time makes me think of some hero of Alexandre Dumas — one of the few things that we have in common is our passion for Dumas, that we read in our childhood. I sometimes felt to write «The count of Monte Cristo» by telling his story. For the side fiction disheveled, where it passes through the world, fall into sinkholes, rebondit…

— How you understand the reception of the book? Are you worried to be accused of complacency toward a facho?

— It is possible. But if one reads the book, the charge does not. I do not feel too to be open to it. I have asked myself many questions during the writing and I think had responded. I'm not any counsel of Limonov, I find my fair position. The most important thing and the more interesting when the I turned back around a subject, is finding the right place. The case was referred, much more painful and complex manner with regard to the opponent. A nightmare. It took me seven years to arrive at something of morally and aesthetically sustainable. Whether if this picture like it or not Limonov, I don't know, I have resumed contact with him that recently he send the book… However, what seems to me extremely interesting, it is to examine what there is in each of us fascist. I mean that the belief in the law of the strongest. Limonov is a fascist in the philosophical and non-not political sense, and this dimension exists in all of us. It was the same for this abyssal tip of Romand: of course, none of us did such a thing, but this window on a domestic hell, this abyss of depression, hatred, lack in the world, exists in all of us. More or less, thank God.

— The policy seems in general more interest to you?

— This is true. «Other lives than mine», on a plan very down-to-Earth, was already a book related to policy, through the issue of justice in the country I spent most of my life teenager and adult to be in a case of complete detachment in politics. In recent years, I know why, not perhaps because of the age, it interests me more. That said, regarding French policy, I am in the position of the reader base newspapers, also very influenced by my ambient, Bobo somewhat limply from left. I feel very dependent on the socio-cultural case to which I belong, even if I try to not read release, which is my natural log.

— Nicolas Sarkozy has been the subject of several books and even a film. You are not tempted?

— I have not seen «Conquest» but I have been fascinated by Yasmina Réza book, «the dawn evening or the night». I very well understand his desire to do so, I thought: «it is big, Yasmina, it is of the subject». Follow a campaign, it must be exciting. But to the publication of the book, I was disappointed. A little by chance, I reread it the last year and finally, I found it very well. In fact, I expected a major investigation and she did a sketchbook of a remarkable acuity.

— And DSK?

— For people like Yasmina Réza or me, who have for models «in cold blood» Capote or «The bonfire of the vanities» Tom Wolfe, it is still the maousse subject. The Shakespearean side of the type caught by its impulse or desire of not y aller… All assumptions are interesting. I followed the case as the whole earth, is the most fabulous scenario that has been long. Once weeks around the world, or part, spoke more of it, all couples had the same conversation. A type which is a global event out his cock, it is grandiose.

— You will start you?

— Me, no, but I am curious to know who will make an attempt to book chiadé on it — I mean there one book other than those of the journalists. I am sure, like me, in the writers of my generation, Jauffret, Reinhardt or Beigbeder, must consider who is going to go there. From the time when there is a will to declare, who will sign a big contract with a publishing house — it is perhaps already done indeed — there will be a first refusal, they will not be many-to-go. In any case, it deserves more than a little impressionistic book quickly flared. There is the matter of a great book to appear in five years, written by someone who will have worked like a madman. That said, good courage, the land is mined, so with lawyers and interdits…


Etienne Sorin | «Evene.fr», 4 septembre 2011


[1] Review XXI, n°1, winter 2008.

[2] In 1993, Jean-Claude Romand killed his wife, his children and his parents before attempting to commit suicide. For eighteen years, he was was invented a professional life believing his entourage he was physician to the World Health Organization.

Emmanuel Carrère

Original:

Etienne Sorin

Cocktail Limonov

// «Evene» (fr),
04.09.2011